Pour commencer cette intervention sur l'autorité et le leadership, je vais donner la parole à Lao Tseu dont la réflexion est particulièrement inspirante. On raconte qu'un jour, on demanda à Lao Tseu ce qu'il fallait faire pour améliorer les êtres sans les gouverner. Il répondit avec circonspection : "Soyez attentifs à ne pas troubler leur esprit. Car l'esprit humain est ainsi fait qu'il se sent opprimé par toute pression et exalté par toute incitation. Opprimé, il se sent emprisonné et exalté, il peut commettre des ravages. Souplesse et gentillesse l'emportent sur la violence et la dureté qui gèle comme la glace et brûle comme le feu."

Etymologiquement, le mot autorité vient du latin "augere" qui signifier accroître. Et accroître, c'est révéler à l'autre qu'il est capable de plus que ce qui lui a été donné par la nature.

L'autorité a pour enjeu d' être autrement plus et mieux.

Faire autorité, c'est augmenter sa propre confiance en soi cela rejaillit sur la confiance relationnelle.

L'autorité  s'exprime dans la relation, profite aux deux protagonistes et s'inscrit dans une stratégie de communication et une attitude relationnelle c'est-à-dire dans tous les aspects émotionnels de la relation.

Quand on fait autorité, on agit. La communication persuasive est fondamentale : convaincre la tête et le coeur, c'est diminuer les mécanismes de résistance auxquels toute croissance nous soumet. L'autorité s'exprime dans la relation, met en dépendance.

Dans le cas de Philippine, celle-ci s'est mise dans une relation complémentaire souple, en position d'infériorité, pour augmenter sa marge de maneuvre et éviter de s'enquister dans l'autorité. Quand une difficulté à faire autorité se manifeste c'est le reflet d'une rigidité dans la relation, d'un excès comportemental dans lequel il y a trop de  contrôle ou trop d'évitement ce qui contribue à rigidifier des croyances du style " mon collaborateur est incapable" et quand cela se complique, la rigidité se retrouve à tous les niveaux.

 Faire autroiriité c'est aborder un processus circulaire.

- bienveillance envers le collaborateur

- acte de contrôle qui se matérialise en encourageant ce qui est désir

- efficace en exprimant ce qui ne va pas

- fermeté pour que des actions correctives soit réalisées par le collaborateur et éviter de faire à sa place quand la performance n'est pas suffisante ou que le travail n'est tout simplement pas fait.

Initiative, autonomie, responsabilité et autorité sont intimement liées.

Comment restaurer une autorité défaillance : le valeureux chevalier

Gargantua, père d'un fils sur lequel il n'avait aucune autorité, dont l'éducation était impossible, qui ne savait rien, n'apprenait rien, s'avéra désespéré. Il s'en remit alors à Ponocrates (qui signifie bourreau de travail) pour qu'il en fasse un valeureux chevalier.

A partir de ce moment-là, tout a changé et la méthamorphose en chevalier se mit en marche. Que fit Ponocrates ? Il observa dans un premier temps avec bienveillance, tolérance, la situation, les mauvaises habitudes installées et les ressources du système. Il n'opéra pas tout de suite un changement. Il mit en oeuvre un plan de changement atteignable, réaliste, temporalisé et adapté aux capacités du jeune homme et rendit productif un dispositif de contrôle responsabilisant.

Avec toute la discipline et la rigueur appiquées, il est resté attentif à mettre de la souplesse dans la relation, a prév des échanges informels, de la liberté,  de la ludicité, pour faire en sorte que la relation reste agréable malgré la focalisation mise en oeuvre. Il a rendu l'apprentissage plaisant.

Cette autorité a permis à chacun de s'accomplir. Gargantua s'est certes transformé mais il a permis à Ponocrates de gagner en autorité.

Il est possible de restaurer une autorité si l'on remet de l'élan vital, facteur de santé individuelle, pour le collaborateur mais aussi pour le collectif,  dans toute la chaine et au niveau organisationnel. L'organisation devient alors plus performante, innovante et adaptée aux contraintes auxquelles il faut faire face