Prévenir le burnout par Teresa Garcia

Le burnout s'inscrit dans une problématique de dépression spécifique en lien avec l'addiction.

Lorsque je travaille sur le burnout, je le fais généralement avec le Docteur Sylvie Mas et nous abordons la problématique à la fois sous l'angle physique et psychologique pour un maximum d'efficacité.

A titre d'illustration, je vous parlerai d'une femme de 59 ans, directrice Europe d'un groupe pharmaceutique avec 23 ans d'ancienneté. Elle ne dormait plus, travaillait du matin au soir ainsi que le week-end, sans production de qualité. Elle se rendait à son travail la peur au ventre. Après avoir quitté brutalement son entreprise, elle avait même essayé 3 jobs différents mais elle ne tenait pas le coup une semaine. Un an après, elle entrait à l'hôpital pour commencer un traitement contre le cancer. Et elle était convaincue que ce cancer était la conséquence du burnout qu'elle traversait.

Quelques idées

"Quand le travail rend malade" est un ouvrage qui m'a inspiré les réflexions suivantes :

Le burnout est l'aboutissement d'une tentative d'adaptation bio-psycho-sociale avec un dérapage complet.

Il doit conduire à un apprentissage de la plasticité du cerveau et à une adaptation thérapeutique, avec un aspect coaching, au contexte personnel, familial ou professionnel de la personne.

Le contraire de la dépression n'est pas le bonhuer mais la vitalité : "c'était la vitalité qui semblait m'échapper".

Dans le burnout, nous voyons une activité contrainte de quelqu'un qui, comme un petit rat, va pédaler dans une cage en se disant "si je pédale, ça va s'arrêter". Il n'y a pas de but, pas de fin, mais ce besoin de continuer à pédaler à tout prix parce que "ça va s'arrêter".

Le burnout est une déstructuration de la personne.

La courbe mise en place par le docteur avec laquelle encore une fois, j'ai beaucoup travaillé montre les différents stades du processus ; cela commence par du stress, puis la dépression et enfin le burnout.

Le processus (courbe Mas)

 Après la phase de stress, on observe une chute dans la capacité qui constitue une alerte.  Cette alerte est suivie d'un rebond "tout d'un coup, ça va mieux ; la personne entre dans une espèce de résistance dangereuse dont la durée moyenne a été statistiquement évaluée à 2 ans dans 80% des cas. C'est une période pendant laquelle les risques de suicide sont les plus élevés. La phase d'après est la tristesse ; puis il y a rechute, phase d'épuisement à partir de laquelle se développe le burnout.

Un autre aspect très important est l'anxiété ; c'est l'aspect anxieux qui va faire la différence entre la dépression au sens de manque de vitalité et l'activisme du burnout.

Une personne confrontée à cette situation peut être amenée à dire que celle-ci est trop douloureuse pour rester en vie. Elle le fait pour ne pas blesser d'autres personnes. Notons que 19 personnes sur 20 échouent dans leur tentative de suicide mais que dans une seconde tentative, on compte 37 fois plus de chance de réussite.

C'est dire que les alertes ne sont pas autant des alertes que cela

Les difficultés interpersonnelles et la manière dont elles se traduisent chez les personnes déprimées

Les interactions sont hostiles. Une mère va développer par exemple une interaction hostile avec ses enfants parce qu'elle doit s'occuper d'eux alors qu'elle n'a pas l'énergie pour le faire. Même phénomène dans la sphère professionnelle entre un manager et ses collaborateurs.

Il peut y avoir un mélange entre hostilité et le "marre des gens qui s'occupent de moi".

Ce peut être également la perception que le monde est ok, moi pas ; dans ce cas, la personne va prendre sur elle pour résoudre la situation "c'est à moi de résoudre la situation dans laquelle je me trouve".

Emotionnellement, il y a renoncement et désespoir :  "je n'y crois plus mais il faut que j'avance".

Dans la dépression, il n'y a pas d'action (perte de vitalité), dans le burnout, il y a activisme avec l'état d'esprit "je travaille, mais à quoi bon ?".

L'entrée en relation se fait comme si les autres étaient mieux que soit. "Il y a quelque chose d'erroné en moi".

Perception de l'entourage : "tu vas pa bien, il faut t'aider, on te protège mais tu nous agaces et on a envie de te fuir"

Emotion : élan d'aide

Action : exhortation à faire quelque chose, dans les sens de "change, arrête d'en faire trop"

L'entourage agit comme si la personne n'était pas raisonnable : "bouge-toi, change".

Quels sont les changements recherchés :

Proposer une nouvelle perception en mettant l'accent sur ce qui fait perdurer le problème lequel est alimenté par "plus de la même chose"

Exemple : dire à quelqu'un de déprimé : "bouge toi" est inopérant, de même que dire à quelqu'un qui est en burnout "arrête d'en faire trop".

Il faut au contraire travailler sur une action antagoniste pour accompagner une expérimentation d'émotions nouvelles, apprivoiser les obstacles. "Je dois tout préparer avant la réunion quitte à ne pas dormir" est une tentative de solution qui nourrit le problème et fait naître l'hostilité.

Au stade de la tristesse et de l'abattement, la personne, au fond du trou, au moment où elle a des problèmes physiques et où elle ne sait plus gérer ses émotions, demande au médecin "pouvez-vous me donner des remontants" et je vais travailler comme une dingue pendant 6 mois et me mettre à flot. Ce moment de bifurcation est extrêmement dangereux : risque d'infarctus, AVC, tension très haute. Nous sommes dans ce que l'on appelle la surcompensation. Il peut même y avoir hospitalisation psychiatrique.

Collègue ou médecin doivent aider la personne à s'adapter à la situation et passer de la situation au processus systémique interne dans lequel elle se trouve. Avec la courbe de Mas, les patients peuvent commrendre comment ils en sont arrivés là  et voient eux-mêmes leur trajectoire.

Il faut aussi aider la personne à comprendre l'impact de la communication sur les comportements et comment utiliser celle-ci. On entre dans un véritable apprentissage, avec de nouvelles expériences : tâches, hypnose, relaxation, nouvelles sensations. Plus c'est multi-sensoriels, mieux c'est. Un exemple : "fais l'expérience de te reposer 1 h avant de finir ton rapport et tu vas voir si tu es plus efficace dans ton travail".