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Grégoire Vitry 

Peux-tu te présenter? Nous raconter qui tu es? L’expérience que tu as avec Palo Alto? Avec Circé maintenant? Avec le modèle que tu développes qui est issu de Palo Alto donc le modèle PEARL, donc parles-nous de toi.

Teresa Garcia: Ecoute avec plaisir, comme ça, vous pourrez savoir quelle est mon expertise et en quoi, je peux aider dans le débat. Tu vois, je dirais depuis toujours ce qui m’a vraiment motivé dans la vie je pense même très très jeune à l’âge de 10 ans j’avais déjà choisi mon métier.

C’est l’influence interpersonnelle et le fait d’être sensible à la souffrance humaine. Je me suis rendue compte qu’il me manquait tout l’aspect communication et l’aspect influence interpersonnelle.

Du coup, j’ai décidé de faire de la psychologie. En fait malgré cela, la psychologie, c’était il y a quelques années, elle était quand même basée sur une manière de voir les problèmes comme venant de l’intérieur c’est comme si on voyait un cerveau malade et donc j’étais un peu frustrée.

Tout d’un coup, je tombe sur  Palo Alto, la Mecque de tout ce qui est communication et l’interaction humaine et cela m’a vraiment comblé car cela réunit les deux. On pouvait parler de la souffrance humaine comme étant aussi une résultante des interactions, des relations que les gens ont, étant une qualité émergente de ces relations qui peuvent être à un certain moment, pathologiques.

Du coup, ca m’a donné une possibilité de voir dans le sujet qui nous anime aujourd’hui dans un lieu par exemple avec quelqu’un qui peut devenir suicidaire ou quelqu’un qui commence à donner l’alerte, ce sont des tentatives de suicide. Palo Alto m’a ouvert, à l’idée de l’impact de la communication sur les comportements.

Quand je parle sur les comportements, je ne parle pas simplement que lorsque l’on communique. Ca change le comportement de l’autre comme si l’on donnait des ordres, comme par exemple: « Demander à quelqu’un de faire quelque chose ». Mais beaucoup plus loin c’est sur le fait qu’avec la communication, on peut avoir un impact émotionnel.

Le moi, qui peut voir quelqu’un comme une belle femme, la regarde dans les yeux ou lui dit de belles phrases, le changement de la tension artérielle, corporelle … tout ça m’a amené peu à peu à l’hypnose Ericksonienne qui était fort intéressante.

Récemment, je me suis intéressée à la psychologie positive parce qu’eux aussi se sont intéressés sur l’impact de la communication sur des aspects je dirais plus corporels comme c’est l’immunité par exemple.

L’immunologie aujourd’hui, on peut se rendre compte à quel point on peut être affecté par des paroles, par des ambiances qui soient critiques ou extrêmement délétères. 

Donc aujourd’hui avec les neurosciences, on arrive encore à l’impact de la communication sous la synapse au cerveau et quand on apprend quelque chose, notre cerveau se modifie.

J’ai fondé avec Jean Jacques Wittezaele l’institut Gregory Bateson il y a très longtemps dans les années 1985-1986. Aujourd’hui j’ai décidé de cheminer un peu seule, parce que ça m’intéressait de me focaliser surtout sur les facteurs qui favorisent, les facteurs qui entravent les changements et les évolutions des systèmes humains.

Donc je voulais voir au delà de Palo Alto, je voulais voir véritablement ce qu‘on peut dire sur la communication. De quelle manière la communication à un impact sur l’évolution?

Je travaille aujourd’hui avec des particuliers, des individus, des couples. Je travaille avec des professionnels, je forme des personnes que ce soit des psychologues, des managers…C’est l’un des aspects de la communication interpersonnelle et du changement.

Mais aussi, je travaille dans des institutions, des écoles où il y a aussi des problèmes. Que ce soit de harcèlement, de dépression, de burn out. Que ce soit des adultes ou des enfants et aussi évidemment en entreprise. Ce qui fait que tu m’as certainement appelé pour que je puisse parler avec vous, dans les entreprises où je travaille dans les crises, les conflits.

J’ai eu l’idée d’amener un modèle qui s’appelle PEARL qui permet de structurer la manière d’intervenir. Quelles questions doit-on se poser? Quelle est la manière dont on doit se positionner pour mieux comprendre l’émotion dans laquelle il se trouve qui va l’amener à agir?

Par exemple : Faire une tentative de suicide, être déprimé, qui va le faire agir ou s’il est en train de faire une alerte.

La relation que l’on est en train d’instaurer avec cette personne. Et dans quelle logique s’insère cette personne? Donc, c’est un modèle qui m’a permis de l’utiliser que ce soit pour des psychiatres, des managers ou pour des DRH.

Donc, c’est un modèle qui permet de bien structurer ce qu’on fait quand on est en train d’intervenir chacun dans sa position et à son niveau.

Grégoire Vitry :

Donc PEARL, est ce pour les auditeurs, tu peux leur expliquer la signification de chaque lettre ?

Teresa Garcia: Donc l’idée de PEARL, c’est quand on est en train de parler de son expérience.

Par exemple, on fait une expérience toi et moi de discuter ensemble, il se passe un processus. Donc, l’expérience n’est pas quelque chose d’unique. C’est un processus qui nous amène à dire que : « A ce matin, j’ai fait une expérience, j’étais en train de discuter avec Grégoire ».

Celle-ci correspond à 5 éléments principaux, c’est la perception. C’est à dire qu’est ce qu’on entend ? Qu’est ce qu’on voit qui nous donne une émotion? Comment se sent-on au moment où on parle ensemble ? Comment cette émotion va porter vers une action ?

Par exemple :

Cette action qui va de part et d’autre va construire notre relation.

Cela peut être momentanée comme on peut avoir maintenant ou fonctionnelle comme ce que l’on est en train de faire mais ça peut aussi être petit à petit une nature de la relation dans laquelle on peut être nous deux.

La relation peut être amicale ou non amicale, ça peut être une relation dans laquelle le pouvoir s’exerce d’une manière ou d’une autre.

Ça peut être une relation dans laquelle on a une influence mutuelle ou on a plutôt une influence l’un sur l’autre. Et à partir de là, on va tirer une leçon, on va tirer une logique de situation en se disant que cette expérience a été… et ce que nous a appris cette discussion.

Par exemple : faire une interview par Skype est agréable pour nous, utile, la relation est bonne.

On peut apprendre que l’on peut se positionner, qu’il faut faire attention au son.

Toutes ces séries de leçons que l’on en tire, qui vont nous faire sentir (donc des méta-leçons) plus sûr de nous, nous font sentir quelqu’un de bien, voir si on apporte quelque chose d’utile.

L’idée c’est de pouvoir en faire tout le tour de ce que peut être une expérience parce que c’est en faisant des expériences qu’on se façonne nous même.