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Extrait atelier LACT
Pour aller plus loin sur le syndrome de stress post-traumatique, il faut préciser que tous les traumatismes ne déclenchent pas forcément un stress post-traumatique (SPT). Dans l’approche de Palo Alto, nous avons des protocoles extrêmement efficaces pour les situations de SPT. Voici quelques éléments d’informations sur ce qu’est un stress post traumatique.
Quelqu’un en situation de SPT est un peu comme un vétéran du Vietnam qui dit : « la guerre est terminée pour l’Histoire, mais elle n’est pas finie pour moi ».
C’est quelqu’un qui émotionnellement est toujours dans l’événement traumatique. Mais, comme je viens de le dire, tout choc traumatique n’implique pas forcement SPT. « Le monde nous casse tous mais certains deviennent plus forts là où ils ont été cassés » nous rappelle Hemingway. L’homme est même génétiquement programmé pour devenir plus fort des expériences difficiles et des épreuves difficiles qu’il vit…
Quand il y a un choc, les désordres psychopathologiques sont essentiellement de 3 ordres :
- Il y a le désordre d’adaptation : le choc vient d’avoir lieu et donc il y a du désordre d’adaptation ou stress généré par la nouvelle situation qu’a créée le choc.
- Il y a le stress aigu : dans une fenêtre de temps pouvant aller jusqu’à 4 semaines après l’événement traumatique (le choc), des manifestations de stress aigus, au delà du stress d’adaptation, se maintiennent. Cela va se traduire par des incapacités à travailler, à faire face, des peurs très importantes et par des discours d’incohérence qui apparaissent au delà mêmes des efforts que la personne faits pour surmonter émotionnellement la situation.
- Il y a enfin le stress-post traumatique : au delà de cette fenêtre de temps de 4 semaines, toutes les manifestions de stress aigu semblent perdurer et s’être installées dans le quotidien de la personne. Comme si l’événement était toujours ancré dans le présent, sans amélioration visible…
Tout l’enjeu du soutien psychologique qui doit être apporté à un individu touché par un trauma est donc bien de voir comment faire émerger la résilience par rapport au traumatisme. Si nous prenons l’exemple des femmes, comme vous ici présentes, vous avez peut être eu des enfants, et par forcément sous péridurale…
Quand on demande à une femme qui vient d’accoucher sans péridurale si elle est prête à avoir un autre enfant, elle dit : non absolument pas ! la douleur est telle qu’on n’envisage même pas que tout ça puisse se reproduire… Et puis évidemment la nature fait bien les choses. En général, avec le temps, l’accouchement reste un souvenir mais qui n’est plus avec la charge émotionnelle de douleur présente. Le temps aidant, la femme peut en parler, quelque chose s’est archivé pour elle, c’est du passé. C’est ça, la résilience. Il s’agit de transformer la blessure en cicatrice et de remettre le passé à sa place, c’est à dire en quelque sorte d’archiver le passé dans le passé. Ainsi, c’est de ne plus avoir l’émotion terrible et variée qui est associé au choc.
Que cherche-t-on à faire, en général, quand on a subi un traumatisme ? Plusieurs stratégies parmi les plus utilisées :
- Le plus souvent, en général, on cherche à effacer l’événement. Ça, c’est une stratégie complètement inadaptée bien qu’on le fasse malgré soi, sans le faire exprès. C’est ce qui va nourrir le cocktail douloureux fait de peur, de rage, de colère, de culpabilité, de quelque chose qui souvent a été une épreuve existentielle, il y a quelque chose de très existentiel qui nous ramène à nos limites. On cherche à rendre effaçable quelque chose qui ne peut pas l’être. Cela a eu lieu. Ce faisant, on se met en échec (le souvenir revient de lui-même et rappelle que le choc a eu lieu alors qu’on veut croire qu’il n’a pas eu lieu), et de cette façon, malgré soi, on rend plus présent le traumatisme, on le réactualise. C’est ce qui est problématique.
- Parallèlement à la tentative d’effacement ou d’oubli de l’événement, on tente également de contrôler ses pensées, pour ne pas y penser, ce qui peut donner l’illusion d’oublier l’événement. Mais les pensées sont les émotions : quand elles viennent, elles viennent, de manière spontanée. Et vouloir ne pas penser à quelque chose, c’est déjà et encore y penser, ce qui nourrit encore le sentiment d’échec et ravive le traumatisme lui-même.
- On va pouvoir également chercher à éviter toutes les situations qui pouvaient être associées au traumatisme, toujours dans la même logique de le rendre effaçable.
- Et quand on ne peut pas faire toutes ces choses là, alors on va, pour se soulager, se plaindre, être rassuré, demander de l’aide.
Dans le cas qui nous vous avons exposé, il y a eu un épisode traumatique collectif, car tous s’accordent pour dire qu’il y a quelque chose à l’origine qui a été extrêmement compliqué à vivre. À la suite de ça, on a pu se plaindre, on a pu être rassuré justement par le biais du « Chevalier Blanc » - celle qui a voulu aider et soulager tout le monde et qui s’est fait le porte parole du groupe, notamment - on a pu demander de l’aide, etc. Mais dans les faits, personne n’arrive pas à se remettre de cette expérience, et c’est très largement dû au fait d’être coincé dans cette plainte, dans cette délégation et dans cette demande de réassurance. C’est cela même qu’il va falloir casser, neutraliser, si l’on veut pouvoir reconstruire autre chose avec cette équipe.
- Et puis, enfin, évidemment, comme on se plaint ainsi d’une situation tellement difficile aux conséquences si durables, on cherche du sens, quand on n’arrive pas à trouver des solutions. Et ce qui n’arrange rien, c’est quand on arrive à trouver du sens à quelque chose qui n’en n’a pas forcément.
Dans le cadre de notre intervention sur cette équipe en situation de stress post traumatique collectif, notre réponse a été d’identifier une situation bloquée, de faire un diagnostic opératoire avec toutes les personnes qui étaient impliquées dans la situation, en incorporant un peu plus la ligne hiérarchique notamment. Et en fonction du résultat, nous avons fait en sorte grâce au diagnostic de pouvoir bloquer toutes ces tentatives qui étaient inopérantes pour soulager la douleur, et de pouvoir proposer ensuite un dispositif comprenant des entretiens individuels, un coaching des dirigeants et un séminaire d’équipe.