Le contexte
Delphine est assistante marketing. Elle a 35 ans. Elle a été en congé maladie pendant 6 mois après un burnout clairement diagnostiqué.
Pendant son congé, elle a suivi une psychothérapie dont l’objectif premier était d’analyser les causes de son effondrement.
Au moment où nous entrons dans ce cas, elle vient de reprendre son travail sur la base d’un mi-temps thérapeutique et à un autre poste dont elle a demandé qu’il soit simple et moins exposé, ce qui a été accepté par la DRH. Elle poursuit parallèlement sa psychothérapie.
C’est alors qu’elle retourne voir son médecin.
Questions à l’auditoire : quel discours lui tient-elle selon vous ?
Réponses de l’auditoire :
- C’est pire qu’avant !
- Elle se sent dévalorisée dans un travail plus simple
- Elle est dans l’évitement ; et on pourrait penser qu’elle a raison. Il y a en effet beaucoup de gens qui ne veulent pas reconnaître qu’ils sont « diminués » car cela les rend honteux
- Elle souhaite une réorientation professionnelle
Reprise de la narration du cas
Depuis son retour, Delphine réalise qu’elle peine à faire le travail pourtant plus simple qu’on lui a confié.
Elle doit de plus affronter les questions de ses anciens collègues et s’angoisse à l’idée d’avoir à se justifier.
Elle constate qu’elle fait des erreurs, qu’elle a besoin d’aide et que la pression qu’elle se met elle-même monte.
Dans le même temps, elle est déçue de sa psychothérapie qui s’attache essentiellement à d’éventuels problèmes personnels alors que ce qui la préoccupe est uniquement son travail. Ses relations familiales sont, dit-elle, très bonnes.
Ce constat global lui fait craindre de retomber dans le schéma qu’elle a déjà vécu : surinvestissement, exclusion et isolement.
Sa fragilité personnelle refait surface ; elle a peur du jugement des autres.
Elle est dans une logique de croyance ; elle se sent potentiellement avoir une faille, est terriblement angoissée, devient « parano d’elle-même ».
Elle entre alors dans une logique de contrôle ; elle cherche à se surinvestir, privilégie l’action, veut être irréprochable, anticipe les mauvaises réactions. Elle met par exemple ¼ d’heure pour rédiger un tout petit mail par crainte de mal faire.
Elle évite de demander de l’aide car elle a peur de déranger, elle ne veut surtout pas faire parler d’elle. Elle fait des détours pour ne pas rencontrer ses anciens collègues « ils pourraient penser qu’elle est bête ». Elle a honte et ne veut pas affronter quelque question que ce soit. Elle est au supplice.
Le piège
Elle est piégée. Pourquoi et comment ?
Son attente est de mesurer qu’elle est capable, qu’elle est intelligente ; elle pense :
- Suis-je capable ?
- Je dois savoir faire par moi-même
- Je constate des difficultés
- J’ai l’impression d’être défaillante
Mais elle contrôle par elle-même pour conforter son espoir et va vivre chaque difficulté comme un supplice, ce qui contribue à faire grandir sa fragilité.
Et la conduit à la conclusion que décidément, on ne se sort pas d’un burnout.