Cet article explore la souffrance et la résilience à travers le prisme de la mémoire et des influences culturelles. Boris Cyrulnik et Gérard Ostermann expliquent comment la parole, l’attachement et l’environnement façonnent notre capacité à surmonter les traumatismes. Une réflexion approfondie sur la transformation de nos expériences en forces adaptatives.


Introduction
La souffrance est une expérience universelle, mais elle est aussi l’un des plus grands mystères de la psychologie humaine. Pourquoi certaines personnes semblent-elles capables de surmonter des traumatismes profonds alors que d’autres en restent prisonnières ? Boris Cyrulnik et Gérard Ostermann, deux figures majeures de la psychologie et de la psychiatrie, apportent des éléments de réponse à cette question en explorant les mécanismes de la résilience et de la mémoire. Cet article se propose d’examiner leurs réflexions et analyses pour mieux comprendre comment transformer la souffrance en force.
La souffrance : une réalité inévitable
La souffrance peut être définie comme une réaction à un stimulus douloureux, qu’il soit physique ou psychologique. Gérard Ostermann rappelle qu’il est essentiel de différencier douleur et souffrance. La douleur est une sensation physiologique, tandis que la souffrance est une construction psychologique qui dépend de notre interprétation des événements.
La souffrance peut être causée par des traumatismes, des pertes, des conflits ou encore des facteurs environnementaux. Boris Cyrulnik insiste sur le rôle du stress chronique et des conditions sociales précaires dans l’émergence de la souffrance. Il souligne que l’environnement influence directement la perception et la gestion de la douleur.
Une idée centrale développée par Cyrulnik est que la mémoire joue un rôle crucial dans la persistance de la souffrance. Nos souvenirs ne sont pas figés ; ils évoluent en fonction du contexte et de la manière dont nous les racontons. En modifiant la narration d’un événement traumatique, il est possible de transformer la mémoire et, par conséquent, l’impact émotionnel associé.
La résilience : un processus adaptatif
La résilience est la capacité d’un individu à surmonter les épreuves et à se reconstruire après un traumatisme. Boris Cyrulnik parle d’un processus qui s’appuie sur plusieurs facteurs : le soutien social, la capacité à donner du sens aux événements et la plasticité neuronale.
L’attachement précoce joue un rôle fondamental dans le développement de la résilience. Un enfant qui bénéficie d’un environnement sécurisant développera une meilleure capacité à gérer les traumatismes futurs. À l’inverse, un enfant ayant vécu dans un climat d’insécurité ou de négligence aura plus de difficultés à surmonter l’adversité.
Les relations interpersonnelles sont un facteur déterminant dans la résilience. Boris Cyrulnik et Gérard Ostermann soulignent l’importance du soutien social : avoir des personnes de confiance autour de soi permet de mieux réguler les émotions et de reconstruire une image positive de soi-même après un traumatisme.
L’influence de la culture et de la parole sur la résilience
La manière dont une société perçoit la souffrance influence la capacité des individus à y faire face. Dans certaines cultures, la souffrance est perçue comme un élément naturel du parcours de vie, tandis que dans d’autres, elle est vécue comme un échec. Boris Cyrulnik met en évidence l’impact des récits collectifs sur la perception individuelle de la douleur et de la résilience.
L’un des points clés abordés dans les travaux de Cyrulnik et Ostermann est le rôle de la parole dans la guérison. Exprimer ses émotions et verbaliser un traumatisme permet de donner un sens à l’expérience et de reconstruire une histoire personnelle cohérente. L’acte de raconter, dans un cadre thérapeutique ou non, favorise la résilience en modifiant la manière dont l’événement est mémorisé.
Contrairement à une vision figée du passé, les recherches montrent que notre mémoire est dynamique et malléable. En changeant notre manière de nous souvenir d’un événement, nous pouvons en atténuer l’impact émotionnel. C’est pourquoi la prise en charge psychologique repose souvent sur la restructuration des souvenirs traumatiques à travers le dialogue et la narration.
Application des concepts de résilience dans la vie quotidienne
Il est possible de renforcer sa résilience en adoptant certaines pratiques, telles que :
- Maintenir des liens sociaux forts
- Trouver du sens dans l’adversité
- Pratiquer des techniques de relaxation et de pleine conscience
- Se fixer des objectifs réalistes et atteignables
Face à un traumatisme, il peut être essentiel de se faire accompagner par un professionnel pour surmonter les épreuves et transformer la souffrance en apprentissage.
Enfin, Cyrulnik et Ostermann insistent sur l’importance des politiques sociales et éducatives dans le développement de la résilience. Un soutien institutionnel adéquat permet aux individus d’accéder aux ressources nécessaires pour reconstruire leur vie après un traumatisme
Conclusion
La souffrance fait partie intégrante de la vie humaine, mais elle n’est pas une fatalité. Grâce aux travaux de Boris Cyrulnik et de Gérard Ostermann, nous comprenons mieux les mécanismes de la mémoire, de l’attachement et de la résilience. En modifiant notre manière de percevoir et de raconter nos expériences douloureuses, nous avons le pouvoir de transformer la souffrance en force. Cette compréhension ouvre la voie à une meilleure prise en charge psychologique et à une approche plus bienveillante des épreuves de la vie.
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