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  • Neurologue, psychiatre, éthologue et psychanalyste français, il est responsable d'un groupe de recherche en éthologie clinique à l'hôpital de Toulon-la-Seyne (1972-1991). Il publie son premier ouvrage Mémoire de singe et parole d’homme en 1983. Boris Cyrulnik est surtout connu pour avoir développé le concept de «résilience» (renaître de sa souffrance). Il a également participé à la commission Attali sur les freins à la croissance, dirigée par Jacques Attali et installée le 30 août 2007 par Nicolas Sarkozy. Il a publié une trentaine d’ouvrages.

Cet article explore la manière dont les mots influencent la nosographie. De la folie urémique à la résilience, en passant par le DSM, les termes façonnent notre compréhension de la souffrance psychique. Mais leur pouvoir de désignation, souvent abusif, crée aussi des évidences trompeuses et des délires logiques.

Quand les mots médicaux étaient pertinents

Dans une conférence marquante, Boris Cyrulnik a exploré la manière dont les mots influencent la nosographie, c’est-à-dire la classification des troubles psychiques. Selon lui, le langage n’est jamais neutre : il éclaire un fragment du réel, mais en laisse d’autres dans l’ombre. Les mots décrivent, mais ils figent aussi. Ils traduisent des croyances, créent des évidences, alimentent des logiques parfois délirantes et orientent la manière dont nous comprenons la souffrance psychique.

L’ontogenèse de la parole et le poids des étiquettes

Cyrulnik commence par rappeler l’importance de l’ontogenèse du langage. Aucun bébé ne parle à la naissance : il faut environ vingt mois pour entrer dans l’aventure de la parole, et plusieurs années pour commencer à raconter des histoires. La parole se développe sous l’influence constante du milieu, qui change sans cesse. C’est pourquoi, dit-il, « étiqueter, c’est pétrifier » : figer une personne dans une définition qui ne rend pas justice à son évolution ni à son histoire.

Il insiste sur le fait que si les mots ont parfois une valeur descriptive ou médicale, ils deviennent rapidement des catégories qui enferment et qui ne correspondent plus à ce que vivent réellement les individus.

Quand les mots médicaux étaient pertinents… et quand ils ne le sont plus

Certains diagnostics passés avaient du sens. La « folie urémique », par exemple, désignait un délire provoqué par l’accumulation d’urée dans le cerveau, avant l’apparition de l’épuration rénale. De même, la méningite syphilitique provoquait de terribles souffrances jusqu’à ce que la pénicilline permette de la soigner en quelques semaines. Dans ces cas, la désignation médicale était pertinente.

Mais cette logique a été abusivement généralisée. L’idée que toutes les souffrances psychiques pouvaient être assimilées à des maladies biologiques a façonné un modèle médical de la folie, utile dans certains contextes mais réducteur et dangereux dans sa portée universalisante.

La dérive des mots savants

À partir du XIXe siècle, la psychiatrie s’est développée en intégrant un vocabulaire scientifique. Le terme « aliéniste » a laissé place à celui de « psychiatre » en 1937, et des mots comme « névrose », « hystérie » ou « schizophrénie » ont progressivement structuré la compréhension de la folie.

Or, chacun de ces mots a connu des glissements de sens. La « névrose », introduite par William Cullen dans une perspective biologique, a été reprise par Freud pour désigner un trouble psychique non organique. La schizophrénie, notion complexe, s’est transformée dans le langage courant en synonyme de contradiction ou d’ambivalence, totalement éloignée de la réalité clinique. Le mot « hystérie », initialement employé pour qualifier certaines manifestations féminines, est devenu une étiquette péjorative et sexiste.

Ces termes savants ont quitté le champ médical pour entrer dans le langage populaire, où ils se sont transformés en insultes ou en images ironiques : « timbré », « toc-toc », « déjanté », « fêlé », « azimuté », etc. La société a intégré ce lexique en l’adaptant à ses besoins expressifs, tout en en détournant le sens original.

L’exemple de la résilience et des détournements contemporains

Cyrulnik prend aussi l’exemple de la « résilience », concept qui lui est cher, pour montrer combien un terme peut être dévoyé. Utilisé correctement, il désigne la reprise d’un développement après un traumatisme, un processus dynamique qui dépend de la relation et du milieu. Mais dans le langage courant, le mot est souvent réduit à une qualité innée, une force intérieure immuable. On parle aussi d’« ADN » d’une entreprise ou d’une personne, en détournant radicalement le sens scientifique du terme.

Ces usages montrent que les mots, loin d’être de simples instruments de communication, deviennent des croyances collectives qui structurent nos représentations sociales.

Le DSM : entre utilité et piège

Le DSM, publié pour la première fois dans les années 1950, a été conçu comme un outil de classification athéorique et standardisé. Il s’est imposé comme un langage commun pour les psychiatres, utile pour les assurances, les laboratoires pharmaceutiques et la recherche clinique. Pourtant, pour Cyrulnik, cet outil repose sur une illusion.

Le DSM ne découpe pas des réalités objectives, mais des segments de discours collectifs transformés en catégories. L’exemple de l’homosexualité est éclairant : longtemps classée comme une maladie, elle a été pathologisée par le biais d’un mot et des croyances qu’il véhiculait. Les mots du DSM peuvent donc alimenter des préjugés, en créant des diagnostics qui figent des modes de vie ou des différences dans une logique médicale.

Si le DSM permet une comparaison statistique et un langage partagé, il reste un « piège créatif » : en nommant, il fabrique ce que l’on croit voir.

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Les mots, entre logique et délire

Freud avait déjà averti que les mots contiennent un « implicite délirant ». Il n’est pas nécessaire d’être psychotique pour délirer : il suffit de croire que les mots découpent fidèlement le réel. Cyrulnik rappelle que nommer, c’est éclairer une partie du monde, mais aussi en masquer une autre. Les mots produisent des évidences trompeuses, qui se transforment en croyances collectives.

Ainsi, certains comportements ou souffrances n’étaient pas pensés autrefois – comme les syndromes psychotraumatiques liés aux violences conjugales – parce que la société ne leur avait pas donné de mots. Ce n’est que lorsque la valeur des individus a changé que de nouvelles catégories ont pu apparaître.

La relation comme contrepoids au pouvoir des mots

Pour Cyrulnik, la relation humaine reste l’élément décisif. Les médicaments peuvent soulager, mais ils ne remplacent pas l’importance d’un lien sécurisant. La neuro-imagerie montre aujourd’hui que le vécu relationnel influence directement les circuits neuronaux de la douleur et du plaisir. Un enfant élevé dans un climat sécurisant ressentira différemment la douleur qu’un enfant maltraité : la même information sensorielle sera orientée vers des zones cérébrales distinctes.

Ainsi, le milieu relationnel agit sur la manière dont les individus vivent leur souffrance. C’est pourquoi la relation thérapeutique doit primer sur la seule logique classificatoire.

Conclusion

En définitive, Boris Cyrulnik met en lumière le pouvoir ambivalent des mots dans la nosographie. Ils rendent visible, facilitent la communication et permettent des avancées médicales. Mais ils enferment aussi, alimentent des croyances collectives et créent des réalités artificielles. Les mots de la folie, du DSM aux insultes populaires, illustrent combien le langage façonne notre vision du monde.

Avec humour, Cyrulnik conclut : « Avant ce colloque, vous aviez les idées claires. J’espère maintenant qu’elles sont confuses. » Une manière de rappeler que la complexité de l’humain ne peut être réduite à des étiquettes figées.

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