Lors du webinaire de juin 2021 de LACT intitulé Vivre et laisser mourir, Federica Cagnoni analyse comment les traumatismes, notamment la pandémie, peuvent enfermer les individus dans le présent, bloquant toute projection dans l’avenir. Elle explore trois scénarios psychologiques et propose des techniques thérapeutiques pour réduire l’angoisse, surmonter la culpabilité et restaurer une perception plus saine du futur.
Les trois scénarios du traumatisme : emprisonnement dans le passé, effacement du futur, et paralysie par l’angoisse
Tout d’abord, un traumatisme comme celui de la pandémie peut nous faire rejouer des moments douloureux, nous enfermant dans un passé que l’on aimerait oublier. Roberta Cagnoni illustre ce phénomène par des exemples marqués par la perte de proches durant le Covid-19, où la séparation brutale (par ambulance et sans adieu) laisse des marques profondes. Cette expérience peut alors induire un trouble de stress post-traumatique (TSPT), en ravivant involontairement ces souvenirs douloureux au point de brouiller la perception du futur. Dans ce cas, le traumatisme isole les individus dans un cycle douloureux, empêchant toute projection vers l’avant.
Ensuite, un autre effet du traumatisme est l’effacement pur et simple du futur. Pour certains, la perte de personnes chères durant la pandémie peut susciter le sentiment que la vie n’a plus de sens sans ces êtres. Cette absence de vision de l’avenir est dangereuse, car elle peut mener à des troubles dépressifs sévères, des addictions, voire à des tendances suicidaires. Les individus se sentent impuissants, accablés par une angoisse si intense qu’elle paralyse toute tentative d’aller de l’avant.
Dans un troisième scénario, l’individu devient victime d’une angoisse obsédante et sans issue. Cette angoisse, souvent mêlée de culpabilité, se manifeste par un sentiment d’impuissance et de désespoir. Roberta nous explique que ce scénario peut donner lieu à une "rumination enragée", une boucle de pensées négatives qui deviennent incontrôlables. La colère, suscitée par des sentiments de culpabilité et de regret, réactive des souvenirs pénibles et provoque une spirale d’auto-accusations qui semble sans fin. Pour contrer cet effet, les thérapeutes proposent parfois des techniques comme l’écriture, où les individus peuvent exprimer leur colère et libérer ces émotions de manière progressive.
Technique de résilience : la reconstruction progressive de l’avenir
Afin de sortir de ce cycle d’angoisse et de désespoir, un travail thérapeutique structuré est nécessaire pour restaurer une perception saine du futur. Roberta Cagnoni souligne que cela commence par une réduction de l’angoisse : une fois que celle-ci est partiellement contenue, il devient possible de travailler sur la résilience et sur la reconstruction d’un projet de vie. Cela peut se faire de deux façons : en introduisant des changements progressifs, étape par étape, ou en créant un effet "avalanche" où chaque petit changement entraîne des impacts positifs en cascade.
Le processus de guérison ne s’arrête pas à la réduction de l’angoisse. Il passe également par l’acceptation et l’élaboration de la douleur. Roberta nous rappelle que cette douleur, bien que inévitable, doit être traversée pour être ensuite apaisée et archivée dans la mémoire de l’individu. Cette élaboration passe souvent par des souvenirs positifs ou des activités plaisantes qui permettent au patient de revisiter sa douleur jusqu’à ce qu’elle devienne une nostalgie douce et non plus un poids insupportable.
Réservez une consultation en cabinet à Paris Montorgueuil ou à distance en visio-conférence
Nous recevons nos patients du lundi au vendredi.
Pour prendre un rdv vous pouvez nous appeler au +33 (0) 1 48 07 40 40
ou au +33 (0) 6 03 24 81 65 ou bien encore le fixer directement en ligne
en cliquant ici :
La culpabilité : un fardeau émotionnel à surmonter pour avancer
Dans le cas où la souffrance est causée par des sentiments de culpabilité, le travail sur soi devient encore plus complexe. Le remords, qu’il découle d’une action ou d’une inaction, s’accompagne souvent de ressentiment et d’auto-jugement sévère. Roberta Milanèse explique que ce ressentiment, tel un poison, peut engendrer une "rumination enragée", alimentée par un mécanisme neurophysiologique qui réactive la colère chaque fois qu’un souvenir douloureux refait surface.
Pour surmonter cette spirale de culpabilité, les thérapeutes conseillent parfois aux individus d’écrire des lettres dans lesquelles ils expriment leur colère et leur auto-accusation. Ce processus d’écriture vise à purger les émotions négatives et à soulager la tension émotionnelle. Cette technique est suivie par une méthode appelée "chronique de ses propres désastres", où la personne écrit en détail toutes les erreurs de sa vie, dans le but de relativiser et de réintégrer ces erreurs dans son parcours personnel sans en être submergé.
Le pouvoir des prophéties autoréalisatrices : attention aux pièges perceptifs
Enfin, dans certains cas, une personne peut être auteur de son propre malheur de manière inconsciente, souvent à travers des croyances ou des convictions qu’elle intériorise et qui finissent par se concrétiser. Ce phénomène, souvent lié à des situations anodines qui altèrent insidieusement la perception de soi, peut devenir une prophétie autoréalisatrice. Par exemple, un mari qui se sent moins désirable aux yeux de sa femme commence à interpréter chaque signe d’inattention comme une confirmation de son insécurité, ce qui, avec le temps, le rend réellement moins désirable. Ces distorsions peuvent être apaisées en écrivant chaque matin les pensées catastrophiques qui traversent l’esprit, et en les réévaluant le soir, pour diminuer l’impact de cette perception anxiogène.
Conclusion : reconstruire l’avenir passe par la gestion des émotions profondes
Les scénarios décrits par Federica Cagnoni et Roberta Milanese mettent en lumière l’impact profond des émotions non gérées sur la capacité à envisager un futur. Pour sortir de cette impasse, il est essentiel de déconstruire les mécanismes de défense et de perception qui empêchent de se projeter. Cette déconstruction requiert un travail intense sur les émotions sous-jacentes, ainsi que des techniques de restructuration cognitive et émotionnelle bien définies. Ce n’est qu’en dégageant les "débris" émotionnels que l’on peut envisager la reconstruction d’un futur porteur d’espoir et de résilience. Comme le rappelait Van Gogh, "les petites émotions sont les grands capitaines de nos vies", soulignant que c’est en apprenant à naviguer avec elles que l’on peut trouver le chemin vers l’avenir.
Où se former à l’approche systémique et stratégique?
LACT propose plusieurs parcours de formation web certifiantes en direct avec 50 formateurs internationaux
- Formation systémique généraliste
- DU clinique de la relation avec l‘université de Paris 8
- Mastere clinique avec spécialisation en psychopathologie avec le CTS du Pr Nardone
